Tous au garde-à-vous, un seul mot d’ordre : tête baissée sur le numérique 📱
Lundi 26 avril, réunion extraordinaire du Comité social et économique, avec à l’ordre du jour : Plan rédaction et projet sport. Le tout en visioconférence…
Plusieurs représentants de la Rédaction en chef, de la direction générale et de la DRH sont dans les starting-blocks.
Durée de l’épreuve prévue : 2 h au pas de charge pour les deux projets ! Au final, il aura fallu plus de 5 heures, sans boucler l’intégralité de nos nombreuses interrogations et questions.
Deux projets à la rédaction, « en maturation jusqu’à septembre » :
L’ambition est claire : devenir le premier site d’information national sur le Net. Les directeurs départementaux, certains chefs d’éditions et de région, sous la houlette de Sébastien Grosmaître (Rec) et Paul-Emmanuel Galland
(Coordination) ont entériné une décision prise de longue date. La crise sanitaire aidant a consolidé le choix de passer de 53 éditions à 41. Soit 29 pages en moins (reprises techniques, journal de l’été, etc.). L’information peut-elle être ainsi formatée, dans une pagination corsetée et réduite ? Pour la direction, la priorité donnée au reportage est « l’essence même de ces projets ». Ah bon !? Sûrement pas dans nos colonnes de moins en moins nombreuses.
Les journalistes secrétaires départementaux vont encore trinquer :
Un effectif diminué avec des tâches supplémentaires à hauteur de 30 %
Bouleversement dans l’organisation des reporter régionaux. « Un reporter régional consacrait 30 % de son temps à la mise en page. Demain il n’en passera plus que 13 % » selon Philippe Boissonnat. Il reste cependant dans la tourne des week-ends (13 par an, samedi et dimanche), afin de ne pas peser sur la tourne des SR départementaux. Ce qui lui libérerait, tout de même, un mois et demi de plus sur le terrain. Cela nécessite un rapprochement des équipes régionales avec les départements. A vos cartons m’sieurs dames ! La direction propose en compensation un 0,9% d’activité SR annuel complémentaire pour les équipes régionales de Rennes, Nantes et Caen. Ce renfort sera-t-il affecté aux pages Régions ou aux pages départementales ? Pourraient-elles, in fine, fusionner ?
Certes une avancée pour les reporters mais les SR eux vont marner ! Depuis des années les effectifs de journalistes SR diminuent avec de moins en moins d’autonomie. Un secrétaire de rédaction print fait aussi du web et il va en faire encore plus. Il devra, à l’avenir, prendre en charge le nouvel outil swing des correspondants ainsi que leurs diaporamas. Tous les journalistes sont bi-média depuis plusieurs années déjà ! Cette nouvelle organisation part d’un postulat erroné et sans réelle maîtrise de ces nouvelles missions. Ce que nous, élus CGT, dénonçons depuis l’intégration du web jamais renégocié depuis 2010. (Accord pré-presse). D’ailleurs le SR web n’a jamais été négocié.
Si la direction avance 2 journalistes désormais en détachée, rappelons-nous que cela ne relève que d’une organisation normale pour un bon fonctionnement. C’est juste un retour en arrière, les années 1990, souvenez-vous !
La direction se base sur l’étalon établi « depuis des décennies » dixit Philippe Boissonnat : 1 SR = 4 pages print pour évaluer les effectifs de cette réorganisation. Un indicateur dépassé qui ne prend pas en compte le traitement web des articles et leur nombre. Un calcul savant déterminerait l’effectif entre le nombre minimum de jours à travailler, avec le nombre de pages à réaliser. Pour un transfert de ces jours d’activité au profit du Net. Or ce n’est pas ce que dit l’accord Pré-Presse de 2010, toujours en vigueur, qui définit de manière précise les effectifs par sites, par catégories, avec des horaires définis par poste pour le quotidien et de DOF. Il va donc falloir revoir cet accord…Mais cela peut prendre six mois. Problème, la direction envisage déjà de mettre en place cette réorganisation dès septembre, avec le plan de mutation de juin qui va bien ! « On ne veut pas aller à marche forcée » nous assure Christine Jéhanin (DRH).
Mais les recrutements sont déjà en cours… Où sont le dialogue social, le respect des règles, et la loyauté dans tout ça ?
Autre danger repéré : le binôme SR web dep et SR région, dont une des missions principales est de faire la veille de leur périmètre respectif, devraient travailler en horaire décalé, afin de couvrir des plages horaires plus conséquentes (de 7h30 à 21h30 au minimum).
Projet Sport : sprint insensé pour une si vaste réorganisation :
Les nouveautés : la création d’un desk internet professionnel avec 13 journalistes et la recentralisation de la mise en page au siège. Pour la direction, ce service « mise-en-scène » basé à Chantepie sera une des pièces maîtresse de ce projet pour une bascule massive sur le web. Vincent Coté s’appuie sur l’arrivée de l’outil Eidos qu’il reconnait être un outil d’expert à haute teneur en technicité. Cela demande des compétences spécifiques et complexes, nous n’avons cessé de le répéter depuis des années. Il est temps de le reconnaître et de le traduire au niveau du coefficient. Pour la CGT, c’est le moment de revoir la grille de salaire des journalistes.
Des horaires élargis : de 7h30 à minuit, sept jour sept, 365 jours par an. Un top départ pour passer aux 3/8 de l’information, inadmissible ! Ces horaires pourraient glisser d’un mois à l’autre et pourquoi pas d’une journée à l’autre, si nous élus n’y sommes pas vigilants. Une négociation s’impose. Rédacteurs, quant à vous, il est temps de chausser de nouveau les crampons, les pointes, les palmes, les rollers… et surtout les planches de surf !
La mise en page rapatriée à Chantepie. Certes une contrainte en moins sur le papier mais qui va se traduire par la tête dans le guidon sur internet. Et tout cela avec des effectifs sportifs départementaux en voie de réduction. Un maillot étriqué taillé pendant la pandémie. Qu’en sera-t-il au coup de sifflet de la reprise ? Faire des choix (contenu revisité, agrégation de contenus via internet, moins de pages, couverture des matchs ou pas, télescopage avec des sujets de locales, éloignement du terreau sportif local…). De plus, la direction supprime les postes de contrats journaliers (étudiants) et professionnalise les fonctions. Une simple régularisation de postes qui étaient occupés depuis des années par des précaires. Combien d’entre eux seront embauchés ?
Une des ambitions est aussi de séduire les femmes « qui s’intéressent de plus en plus au sport ». Au fait, combien de femmes écrivent au service des Sports ? Quelle place pour les femmes à Ouest-France ? Un grand élan d’opportunisme… La CGT sort son carton rouge !
Une stratégie économique au pas de charge :
Il est impossible d’envisager de tels bouleversements, sans l’œil avisé d’un expert. Les syndicats ont obtenu que cette présentation ne déclenche pas une consultation le mois prochain, comme la direction l’avait prévue. Elle avoue même qu’il faut encore « mâturer » le sujet. Quel toupet !
Aujourd’hui le journal papier rapporte encore plus de 80% du chiffre d’affaires. Qu’en sera-t-il demain si tous les investissements vont sur le numérique alors que son chiffre d’affaires est toujours peau de chagrin ? Nos lecteurs y trouveront-ils toujours leur compte ? Sans compter sur une politique sociale qui ne raisonne que par la réduction permanente des effectifs et des coûts. Tout ça au pas de charge, sans prise en compte des conditions de travail et de la santé physique et mentale des salariés. Nous serons toujours vigilants et offensifs sur ces questions-là.
Quant au débat social, nous refusons que la direction nous endorme à grand coups de powerpoint qui étouffe nos questions et nos interrogations renvoyées à une simple formalité de fausse politesse.
La loi rappelle que le dialogue social doit être loyal et sincère. Ce n’est pas le cas.
Rennes, le 27 avril 2021,
Vos élu-e-s CGT,
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