CSE du 29 avril 📁
Un plan social industriel d’envergure dans le groupe Sipa
80 emplois en moins envisagés d’ici à 2024
C’est sans conteste l’annonce phare du CSE du 29 avril 2021. La direction prévoit 80 licenciements sur nos sites d’impression à Angers, Nantes et Rennes d’ici à 2024. Le site d’impression d’Angers serait sacrifié et devrait fermer. Sipa Ouest-France table sur un vivier de 93 ouvriers potentiellement éligibles à ce plan de départ. Pour y arriver, elle compte en priorité sur le Plan filière (PRIM) car à la clé, elle pourrait bénéficier des aides de l’État, soit 75 000 € par salarié partant. De 256 emplois au 1er janvier 2021, il n’en resterait que 176 au 1er janvier 2024, soit une baisse de 31 % de l’effectif.
Une démarche qui doit être avant tout négociée avec la Filpac CGT, syndicat majoritaire de ce secteur, pour qui le postulat de départ reste la négociation sur les conventions collectives. Si cette négociation au niveau national échouait, la direction d’Ouest-France prendrait le relais et envisagerait un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) en prenant seule, à sa charge, ces licenciements.
La CGT dénonce ce projet de « massification » des sites. De plus, les journaux seraient imprimés à plus de 100 km de leurs sites de livraison. Qu’en est-il de l’engagement de l’entreprise au niveau de l’éco-responsabilité ? Aucune réponse.
Concrètement, la rotative Wifag 8 serait démontée le 1er janvier 2023, et transférée du site d’Angers vers celui de la Chevrolière, à Nantes pour être opérationnelle au 1er janvier 2024. À cette même date, il n’y aurait plus que deux sites d’impression : Chantepie (35) et La Chevrolière (44), avec un parc de 5 rotatives : 2 KBA (les plus récentes) et 1 Nohab (la plus ancienne) à Chantepie, et 2 Wifag (modèles plus récents que la Nohab). Pendant une année, le plan de tirage sera impacté et la rédaction devra s’adapter.
Côté montage financier, il n’y a pas plus tortueux, c’est l’imbroglio. Cette rotative resterait propriété du Courrier de l’Ouest, qui paierait, en contrepartie, un loyer à Ouest-France qui, à son tour, lui rétrocéderait une indemnité pour le coût d’impression de ses journaux. Le démontage, déménagement et modernisation seraient financés par Le Courrier de l’Ouest. Quant au site de Nantes, la direction envisagerait des travaux d’extension pour accueillir la Wifag 8. Sans oublier aussi la rétrocession des coûts de production des journaux livrés (Maine libre, Presse Océan et Courrier de l’Ouest).
Il faut bien trouver une technique pour justifier « le plan de modernisation » de chaque site d’impression qui est le premier volet déclencheur des aides de l’État. De ce premier volet, soi-disant de modernisation des imprimeries, en découlent les aides financières pour les licenciements.
La direction n’ose même pas prononcer le mot de « fermeture du site d’impression d’Angers. » Tous ses ouvriers du livre deviendraient des salariés Ouest-France. Encore faut-il qu’ils acceptent de partir, de déménager et de reconstruire leurs vies professionnelles et familiales ailleurs. Pas si facile pour les conjoints avec un marché du travail en berne. Tout ça ne pourra se faire que sur la base du volontariat, précise la direction. Et si le nombre de volontaires n’était pas celui escompté, quel serait le plan B ?
L’entreprise proposerait aux salariés âgés d’au moins 58 ans de suivre le processus suivant : un congé de reclassement de 2 ans (avec 100 % de la rémunération maintenue pendant les 2 mois de préavis du licenciement, puis 65 % du salaire brut maintenu du troisième mois jusqu’à la fin des 2 ans), suivi à partir de 60 ans, de la fin du contrat de travail et d’une période de chômage de 2 ans, durant laquelle, le salarié devenu chômeur, touchera 57 % du salaire journalier brut de référence. Et à 62 ans, la personne bénéficiera de l’ouverture de ses droits à la retraite. À compter de juin, l’entreprise mettra en relation les salariés éligibles au départ avec le cabinet angevin Galiléa, qui évaluera chaque situation personnelle par rapport aux droits à la retraite, avec les différents scénarios possibles.
Un pari pour les salariés concernés. D’ici là, est-ce que l’âge de la retraite n’aura pas été une fois de plus repoussé ?
Pour les salariés du site d’Angers, la direction s’engage à leur faire deux propositions de mutation sur les deux sites d’impression qui restent, Rennes et Nantes. Et pour ceux qui ne voudraient pas quitter Angers, la direction s’engage à leur faire des propositions d’emploi externe dans leur bassin de vie, avec l’aide du cabinet Galiléa.
Vos élus ont obtenu que cette première présentation ne soit pas considérée comme étant la date de départ d’une information consultation, au sens juridique du terme. La CGT attend des informations plus détaillées.
France Live, nouvel agrégateur de contenus multimédias :
Le groupe Sipa est à l’initiative du projet France live, un agrégateur de contenus pour le web. Le but est de s’allier avec d’autres partenaires pour augmenter le trafic de chacun. Dès qu’on ouvre un article, il y a bascule sur le site de l’éditeur.
Ce projet d’un million d’euros est financé par quatre actionnaires : trois majoritaires détiennent chacun 30 % : le groupe Rossel (La Voix du Nord), l’Équipe, et le groupe Sipa Ouest-France. Les 10 % restants sont détenus par un groupe de cinq entreprises de PQR : La Dépêche, Sud-Ouest, Nouvelle République du centre Ouest, La Montagne et le Dauphiné. Les contenus privilégient des contenus multimédias d’information générale, de proximité, de sport et des services. « France live a l’ambition d’être une alternative au show case de Google, une vitrine de l’info », annonce Fabrice Bazard, directeur général des activités numériques du groupe Sipa.
L’équipe éditoriale, composée de quatre journalistes, dirigée par Samuel Grée (ex-Hit West) est basée, pour l’instant, à Rennes (hors siège). Tous sont salariés de France live. Une part des revenus publicitaires, générés par les pages vues d’un partenaire, reviendra à ce dernier au titre des droits voisins, contrairement à Google qui ne reverse rien aux médias.
Le retour sur site des salariés, suspendu aux annonces gouvernementales :
« On est parti du principe que les choses vont se faire dans la progressivité, mais peut être qu’on va, quand même un peu de façon directive, encourager ce retour sur site » selon la directrice des ressources humaines. Elle a informé les élus que les encadrants seront amenés à réaliser un entretien avec les salariés, lors de leur retour sur site, pour sonder leur état d’esprit et évaluer leur capacité à revenir à 100 % en présentiel. Les élus de la CGT ont conseillé à la DRH d’envisager conduire cet entretien dès maintenant avant même un retour progressif sur site.
D’ailleurs, selon l’analyse présentée par Nanci Monteiro, du service social, deux grandes tendances concernant le télétravail se détachent : isolement et perte du collectif de travail, ou au contraire, moins de stress lié à l’éloignement de l’environnement de travail et son corollaire, l’appréhension du retour sur site. Nous saluons ce travail de l’ombre au plus proche des salariés dans la souffrance. Un soutien essentiel prodigué par une équipe diminuée au fil du temps. Ce service est pourtant un rouage capital de la politique sociale de l’entreprise. Autre élément, l’annonce brutale du chômage partiel a été vécue comme un choc pour certains salariés, entraînant un sentiment d’inutilité dégradant. Les leçons seront-elles retenues pour mettre en place une procédure de crise ?
Une autorisation d’absence rémunérée, pour la vaccination :
À Chantepie, il n’y aura toujours pas de vaccination sur le site. Et oui, pas de médecin, pas de vaccin. La direction va délivrer une autorisation d’absence rémunérée, pour chaque salarié, en demandant à celui-ci de prévenir l’entreprise 48 h à l’avance. La direction a accepté la demande de vos élus CGT, quant à ce qu’un salarié, inscrit sur liste d’attente, puisse se libérer sans préavis. La condition que le salarié informe sa hiérarchie de cette démarche.
Toujours pas de médecin recruté :
De quatre candidats à l’appel, il n’en reste aucun. Une femme médecin était sur le point d’être embauchée mi-avril, mais elle s’est finalement désistée. La direction ambitionne de recruter deux médecins pour un Service de Santé au Travail groupe, « mais on n’avait peut-être pas imaginé que ce serait aussi compliqué. » Pendant ce temps, aucune solution temporaire ou alternative n’a été mise en place pour les salariés de Chantepie, orphelins de médecin du travail. L’entreprise est en dehors des clous sur le plan légal, et néanmoins responsable en cas d’accident.
Enfin une interlocutrice pour parler retraite :
Depuis lundi 19 avril, une salariée est nommée pour anticiper les départs en retraite. Hélène Cosnard a pris son nouveau poste dédié à trois problématiques en lien avec la gestion des carrières : la retraite, la gestion du handicap et les médailles du travail. Vous pouvez la joindre au siège. La direction reconnaît enfin l’importance de ce service au salarié. Une demande que la CGT n’a cessé de défendre.
Nouvelles embauches et titularisations au service des Ressources humaines :
Delphine Monneraye, de Cap diffusion, sera la nouvelle assistante à la DRH à compter du 25 mai. A partir de juin, les deux assistantes RH, Anaïs Guignard et Charlotte Bertout, seront titularisées (statut employé) et Stéphanie Motet, rejoindra Anne Bonami au service formation.
Les véhicules de fonction :
Les exceptions, remontées à la direction par les syndicats, seront étudiées cette semaine. Selon la direction, si le véhicule de fonction est inscrit dans le contrat de travail du salarié, il pourra conserver son véhicule s’il le souhaite.
En bref :
Temps alloué dans les équipes pour permettre aux élus de remplir leur mission : Il s’avère qu’aucune règle n’est établie à ce sujet. La CGT met la direction face à ses obligations de respecter le droit syndical : des effectifs supplémentaires doivent être impérativement mis en place au sein des équipes des élus afin de leur permettre d’honorer leurs mandats sans que cela ne pèse sur leur collectif de travail. L’impossibilité de pouvoir exercer un mandat syndical pourrait être assimilé à de l’entrave.
Cotisations retraites complémentaires :
Au sujet du non-paiement de la part salariale d’une partie des cotisations retraites complémentaires depuis 2019, une réunion est fixée au 5 mai. Mais aura-t-elle lieu ? Le partenaire Audiens n’est pas certain d’être présent.
Cyberattaque de fin novembre 2020 :
En compensation de la mobilisation exceptionnelle des salariés, 477 jours de repos ont été octroyés et 63 500 € bruts payés à 130 salariés. Pour les heures excédentaires, la majorité d’entre eux ont opté pour le paiement, ce qui représente une enveloppe de 30 000 € bruts.
14 millions pour conquérir 100 000 abonnés papier : 10 millions pour l’acquisition et 4 millions pour la fidélisation. La direction annonce un développement commercial inédit et volontariste…
Affichage des horaires de travail :
Toujours pas ! Et pourtant c’est la loi. Dans le cadre du télétravail massif, nous demandons que les horaires soient envoyés aux salariés. A Chantepie, depuis les nombreux travaux, la majorité des panneaux d’affichage et panneaux syndicaux ont disparu. La CGT rappellera tant qu’il le faudra que l’information syndicale n’attend pas et fait partie des obligations légales de l’employeur.
Forfait de téléphone professionnel :
Selon les profils métiers, le forfait est compris entre 1 et 40 gigas. Si le volume alloué est insuffisant (il faudra le justifier), faites appel au service informatique.
Feux tricolores : Dans les accueils des trois sites d’impression, des feux tricolores matérialiseront l’heure d’arrivée des plaques, l’heure de démarrage de l’impression, et l’heure de départ des camions.
Rennes, le 29 avril 2021
Prenez soin de vous
Les élu.e.s CGT