Les projets à risques de la rédaction ⚠️
Quel que soit le projet, « service des sports », « services SR-Locales-Régions », les constats sont identiques. Sans concertation générale en amont, ces projets sont très loin d’être stabilisés et sécurisants pour la communauté rédactionnelle.
L’erreur première est de ne pas intégrer le taux d’absentéisme, cela fausse le bon chiffrage des effectifs de base et met ainsi les équipes en sous-effectif chronique, depuis trop longtemps. Un ajustement du nombre réel de postes est primordial, pour que les équipes puissent avoir un rythme de travail juste normal. Or, ces données, la RRH les a, encore faut-il qu’elle s’en saisisse ! Le nombre d’arrêts grandissants est aussi révélateur de risques psychosociaux. Mais la direction s’obstine à mettre en danger ses salariés. Quant aux formations, nous sommes très en retard et en dessous des besoins, des compétences et technicités attendues, pour ne pas décrocher et rester efficient à son poste.
Alors, si l’objectif n’est étudié que par la rentabilité, les nouveaux abonnements à moindre prix et moindre coût salarial, est un risque majeur pour l’avenir de la profession et donc pour la pérennité du journal, de nos emplois, et de notre santé.
Côté Sports
La nouvelle organisation, basée sur la suppression de la mise en page dans les départements, rapatriée au siège, est le fruit de 10 mois d’étude ! Pourtant, l’écueil principal est de taille : dans ce secteur, toutes les activités sportives étaient à l’arrêt pendant la crise sanitaire. Cette période ne peut être le reflet objectif, ni des organisations, ni des temps et charges de travail habituels. Les experts mentionnent déjà qu’elles ne sont pas dans les clous. « Le sport est un pan essentiel de notre stratégie éditoriale, c’est le collectif qui doit porter le projet », selon M. Echelard. En clair, pas de moyens supplémentaires, plutôt une question de choix rédactionnels et de médias utilisés. Prioriser, telle est la devise !
« Chaque personne en peut pas tout faire, les multiples technologies et outils ne permettent pas d’être tous virtuoses, ni d’être spécialistes de chaque discipline.. », précise le président. N’est-ce pas, au contraire, une manière de scinder les équipes au détriment du collectif ? Quant au sujet des copies de correspondants, il reste en suspens. Et comment remplir l’objectif prioritaire de fournir plus de contenus web d’actualité chaude, développer le temps 3, les pas de côté, les nouveaux formats qui ne font qu’accroître le millefeuille de tâches ? Élargir la couverture d’évènements et les moyens d’écriture : vidéo, podcast, photo, réseaux sociaux et enfin le print qui lui contiendrait de la plus-value. Ceci demande des moyens. Le sujet est réorienté par le président sur l’organisation cruciale et le rôle de chacun à jouer dans un projet global, notamment celui de l’encadrement à réaffirmer. Tout cela en compatibilité avec le respect du temps de travail tout en régulant la charge mentale. Une équation vertueuse mais impossible à respecter, dans l’état actuel du projet présenté. Le cadre est à redéfinir, l’organisation est à revoir, le rôle de chacun doit être clarifié… Une réelle inquiétude est pointée sur la mise en place d’un Desk omniprésent 365 jours sur 365. L’homme au service du travail, alors que le médecin inspecteur a rappelé que le travail doit s’adapter aux salariés. Des choix « crève-cœur » à opérer pour conserver nos offres et notre savoir-faire sur le terrain. Le risque est grand de perdre nos fidèles lecteurs papiers, notre socle économique. En auront-ils toujours pour leur argent ?
Côté Locales, SR, Régions 2021
Locales détachées
De la « proximité avec le lecteur », la direction annonce avec largesse le passage de 1.7 poste à 2, jugé nettement insuffisant selon les experts. C’est faire fi du temps passé auprès des correspondants locaux de presse et du temps dit « administratif » que remplissaient les secrétaires d’agence avant que leur poste ne soit supprimé. C’était pourtant « une vrai ressource » pour les locales détachées, notamment en connaissance du territoire. Du temps à passer en plus pour les nouveaux chefs d’agence et localiers qui arrivent, est inévitable en l’état.
Animation des correspondants
Le temps des JCC n’a cessé de diminuer. De 90 à 70% dans les années fastes, il s’est réduit à peau de chagrin, pour n’occuper que 15 à 20% du poste. Les résultats démontrent et que c’est trop peu. C’est donc une mission nécessaire, confirmée par la direction et mise en exergue avec ce projet. La CGT sera attentive à la suite donnée par la direction.
SR Web dép. Région : le flou artistique
Combien seront-ils à la rentrée et qui fera quoi dans les rédactions de Caen, Nantes, Rennes ? Une chose certaine : ils seront deux. Mais qui fera quoi ? D’un côté Katia Bertonnière affirme que le SR Web Région ne fera que du SR Web Région, de l’autre le rédacteur en chef dit l’inverse… Qui croire ? D’ailleurs, le rapport l’indique : les contours de ce poste sont flous… Le projet s’appuie sur un comité de pilotage, qui disparait une fois le plan mis en place. En d’autres termes, à chacun de s’adapter à marche forcée.
L’accompagnement au changement n’est décidément ni une pratique courante, ni un savoir-faire avéré, dans la maison. La direction compte sans aucun doute, sur la « bonne volonté » des équipes, pour pallier les insuffisantes du poste. Cela n’est pas satisfaisant. Quid des tournes de week-end ? Là non plus rien n’est clair, si ce n’est le recours, de nouveau, à des CDD ! Un comble quand la direction annonce haut et fort vouloir stopper ce mode de fonctionnement et professionnaliser les postes. Pas question, pour la CGT, de réactiver un tel processus de précarité et de déséquilibre entre salariés.
Diverses interrogations
« Il faudra rencontrer les équipes pour parler du projet » dixit François-Xavier Lefranc, « on va prendre le temps d’expliquer » selon Katia Bertonnière. Pour la CGT, cela signifie : faire avaler la pilule. Attention à la fausse route. Alors que l’idée de création du poste SR Web Région date de 2019, que les fiches de postes ont été remises à jour, unilatéralement et qu’elles sont toujours imprécises, comment croire à des projets aboutis ? La co-construction n’est pas acquise, le système pyramidal s’accroche. Tel un facteur de stress pour les équipes qui se sentent exclues et démunies de leur expertise de terrain.
La formation à développer… C’est le fond du problème d’employabilité des salariés, confrontés aujourd’hui à une révolution numérique d’envergure, pour laquelle nous sommes énormément en retard. C’est de la responsabilité de l’employeur. Ces données sont identifiables dans les entretiens, sans suivi de la part des ressources humaines, soit disant, faute de moyens ! Pour la CGT, il n’est pas question d’être renvoyé sur le banc de touche, par manquement de l’employeur.
Une telle transformation numérique, en cours depuis des années, ne peut se poursuivre dans de telles conditions. Grimper les marches du podium, nous en avons déjà payés de lourds tributs sur notre santé physique et mentale. Un sprint en continu est une aberration et met en danger grave tous les salariés, qui désormais savent qu’ils ne verront jamais la ligne d’arrivée, car elle n’existe pas. C’est une course effrénée et sans fin. Alors quels relais met l’entreprise en place pour rester dans la course et donner la capacité à toute la communauté rédactionnelle de déjà commencer par reprendre son souffle, pour ensuite envisager de rester un concurrent incontournable ?
Les salariés devront porter seuls ces ambitions trop hautes par rapport aux moyens humains et techniques alloués. Un lourd poids sur les épaules, en contradiction avec l’obligation d’un employeur de préserver la santé physique et mentale de chacun.
La CGT doute que la direction applique les recommandations des experts, tant sur les organisations, effectifs, formations, outils, que sur la santé des salariés. L’histoire nous démontre que seuls les actes rétabliront la confiance.
Malgré nos avis motivés, la direction déroulera ces deux projets : la démonstration d’un dialogue social au rabais.
Rennes, le 22 juillet 2021