En pleine pandémie Ouest-France débarque son toubib 🩺

Dans son édito du 24 décembre 2020, Jeanne-Emmanuelle Hutin, fille de feu notre ex-PDG François Régis Hutin, écrivait : « C’est en accueillant et en prenant soin du plus fragile que se construit la communauté humaine. Il devient alors possible d’avancer vers un avenir de paix à condition d’emprunter l’humble chemin d’humanité, au lieu de se perdre dans les mirages amers de la toute puissance. » Toute puissance… Ces mots, hors de toute considération religieuse, témoignent du respect et de l’attachement aux valeurs qui animent notre entreprise depuis des décennies.

C’est pourtant une toute autre démonstration que nous livre le pouvoir d’Ouest-France aujourd’hui. Celui de s’attaquer sans scrupule à ce qui représente le symbole de l’abnégation et de la dévotion : les soignants, médecin et infirmière. Une forme de dictature au sens étymologique du mot. Un abus de pouvoir.

Un assaut sans vergogne

Ce début d’année sonne pour nous comme un glas amer et abject. Ouest-France se sépare clandestinement de son médecin du travail, en pleine pandémie. Une décision digne d’un film de « phare Ouest », de hors la loi, au cœur de la Bretagne, où règne la loi du silence, orchestrée par le premier communiquant régional. Une des infirmières s’est retranchée par protection en arrêt de maladie pour ne plus affronter les frasques d’un assaut dévastateur. Il ne reste plus qu’une soignante en activité. Pour combien de temps ?

Tout cela en mode opératoire d’une stratégie d’entreprise, économique, qui sonne comme une trahison bafouant l’héritage moral.

Les élus sont convoqués ce jour pour « entendre » les raisons de cet événement, sans doute inédit en France. Une réunion extraordinaire comme simple étape légale car les jeux sont faits depuis bien longtemps. Nous entendrons donc l’hypocrisie, les mensonges et les faux arguments de notre direction comme c’est désormais la règle imposée par eux. Des règles obscures et fuyantes qui bafouent les principes de base de la démocratie et du dialogue, qui pourtant font partie de ses arguments et de ses valeurs auprès de ses lecteurs.

La CGT affirmera et défendra toujours ses valeurs

Nous voterons « contre » cette décision avilissante de jeter dehors un salarié (protégé de surcroît) qui n’a fait que son devoir de médecin dans le respect de son serment et de son éthique. La direction l’a elle-même reconnu. Un engagement jusqu’à sauver des vies dans l’entreprise. La direction prendra acte de notre conclusion, sans plus, parce qu’elle est dans l’obligation de le faire. C’est cela Ouest-France en 2021. Mais la CGT sera là pour s’opposer à ce genre de pratiques qui font fi de l’héritage social humaniste, que notre actuel PDG se devait de préserver.

Cet héritage social humaniste, socle et ciment du journal, sont des valeurs pour lesquelles la majorité d’entre nous, ont adhéré, faisant de nous des salariés « privilégiés » au service d’une cause noble, celle de l’altruisme, de la justice et de la liberté. Nous sommes tous trahis.

 

Une cabale orchestrée ?

On lui donnerait le Bon Dieu sans confession à cette direction… Retour à la réalité. Qu’ont donc fait le médecin d’entreprise et l’infirmière pour mériter le châtiment ? Leur boulot tout simplement. Mais englués dans une « logique » d’organisation qui ne laissait pas de place à leur autonomie de préventeurs.
Lorsque l’on met son nez trop profondément dans des organisations bâclées, en alertant sur les risques encourus par les salariés, on se met en danger à Ouest-France. Par exemple dans la dernière réorganisation en date, celle des Ressources humaines : quatre arrêts maladie, trois ruptures conventionnelles (dont le DRH) et bientôt cinq. Une absence totale de prévention des risques psychosociaux, des conjonctions d’insuffisances.
Le précédent service de santé au travail avait déjà subi les affres du silence et de l’étouffement des problèmes avec les deux précédentes infirmières, en arrêt maladie pendant un an. Rien concernant le précédent médecin, qui lui avait compris où trouver sa place dans un tel organigramme, malgré sa mission originelle, celle de prendre soin des salariés.
Depuis l’arrivée du nouveau service médical, vierge des pratiques spécifiques et « borderline » d’Ouest-France, les habitudes ont été bouleversées. Trop certainement pour la direction qui voyait là un obstacle à ses méthodes en connivence. A force de trop pointer ces mauvaises gestions du doigt, on finit par se faire éjecter. C’est ce qui se passe. Pour rappel, le service de santé au travail a une totale indépendance et un rôle de conseil dans ses actions de prévention. Mais, lorsqu’il s’agit d’exercer son métier avec cette indépendance, et en toute liberté d’expression, on s’attire les foudres de ses payeurs.

Une fois débarrassée de ses « trublions » qui œuvrent pour la santé des salariés de l’entreprise, la direction continuera de faire la morte sur la souffrance des salariés. Organisations et réorganisations tous azimuts obligent.
Un jour M. Hutin avait été choqué d’entendre le mot souffrance au travail et avait dit qu’il ne voulait pas de maltraitance dans son entreprise… Il n’aurait jamais accepté la situation que nous connaissons aujourd’hui.

Maintenant il se peut que ce soit votre tour

La direction d’Ouest-France pratique des actes chirurgicaux sans anesthésie. Le jour de la galette des Rois, elle convoque les membres du Comité social et économique (ex-CE) dans une réunion extraordinaire pour « faire un point Covid-19 »… Entre autres…

Dans cette convocation envoyée aux élus par mail, elle inocule une autre information, un acte effectué en « confidentiel ». Les patients seront prévenus en temps et en heure. Une opération à cœur ouvert pourra débuter à l’issue d’une réunion qui souhaite être suturée en deux heures. Les élus pourraient repartir avec une plaie à vif, amputés eux aussi.

« C’est pas nous », dit la petite voix sur votre épaule gauche… Et pourtant, gare aux virus, aux contagions. Demain, il n’y aura peut-être pas de fève dans votre galette. Une fève en chocolat, qui fond comme une médaille de travail en chocolat pourrait contaminer votre plan de carrière. Sans faute réelle et sérieuse, une rupture conventionnelle pourrait accidenter votre dévoué parcours.

On vous le dit sans nuire, on vous le dit sans fuir. Les pansements ne sont pas les mêmes d’un salarié à l’autre dans notre entreprise. Vous vous sentez à l’abri ? Après tout, vous vous êtes tellement investis d’année en année. Pourtant, un symptôme devrait vous alerter : n’avez-vous pas vu partir certains de vos collègues à la retraite, sans même un pot de départ ces dernières années ? N’avez-vous pas constaté de mystérieux départs anticipés ? « C’est pas nous, c’est pas nous »… Vous croyez ?